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La République centrafricaine peine depuis plusieurs années à sortir d’une série de crises militaro-politiques pour retrouver sa vitalité des années 1970 à 1982. Ces crises ont freiné les efforts de développement enclenchés par les différents gouvernements  du pays  avec l’appui des partenaires internationaux. L’avènement de la tristement célèbre rébellion seleka a failli plonger le pays dans un oubli  vu le niveau des atrocités commis par les groupes armés en action (seleka et antibalaka). Malgré cette barbarie des groupes armés, la communauté internationale n’a pas abandonné la République centrafricaine. Des stratégies sont mises en place pour aider la RCA à se redresser et se stabiliser.

La complexité de la crise centrafricaine ne constitue pas un blocage pour la poursuite des projets de développement portés par le gouvernement avec l’appui technique et financier de la Communauté internationale  (France, Etats-Unis, Chine, Russie, etc.) sans oublier les institutions internationales (Union européenne, Banque mondiale, Banque africaine de développement, FMI).

Depuis 2016, le plan national de Relèvement et de consolidation de la paix (RCPCA) qui a reçu un avis très favorable des bailleurs de fonds lors de la table ronde de Bruxelles en novembre 2016, est mis en œuvre dans une bonne partie du pays. Des changements sont constatés même si les populations ne semblent pas bien percevoir les impacts du RCPCA Des ouvrages sont réalisés pour effacer les stigmates de la crise. Nous citerons entre autres le pont de Sapéké, des bâtiments construits au lycée technique et au lycée technique féminin à Bangui, le lycée de Sibut et centre d’imagerie médicale de l’hôpital de Sibut (chef-lieu de la préfecture de Kemo), la mairie et le marché de Bimbo, la modernisation de l’état civil etc.

L’un des efforts de paix est l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine (APPR-RCA), signé le 9 février 2019 à Bangui, entre le gouvernement et 14 groupes armés. L’APPR-RCA est toujours en vigueur malgré les violations des engagements par quelques groupes signataires. Le gouvernement, les garants et les facilitateurs tiennent toujours à cet accord car c’est une issue pour faire taire les armes en Centrafrique et amorcer le chemin de la paix et de la reconstruction. Le peuple centrafricain n’aspire qu’à la paix et au vivre ensemble qui a toujours existé entre les différentes communautés.

Une nouvelle crise a été déclenchée par la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) entre novembre et décembre 2020 certes, mais les intentions des responsables de la CPC visant à empêcher les élections présidentielle et législatives du 27 décembre 2020 ont échoué. A cela s’ajoute l’échec des attaques de Bangui, le 13 janvier 2021, dont les assaillants ont été mis en déroute par les Casques bleus de la Minusca, les forces armées centrafricaines et des instructeurs militaires russes. 

La mise en déroute des combattants de la CPC a donné lieu à la libération de certaines villes du pays qui étaient sous l’emprise des groupes armés depuis plus de sept ans, telles que Bambari, Bria, Kaga-Bandoro, Ndélé, Alindao, Bangassou, etc. ; cette situation a favorisé la relance des projets suspendus à cause des groupes armés notamment la construction d’infrastructures routières des structures sociales de bases (centres de santé – mairies – écoles etc.)

Pour la première fois, et ce depuis l’indépendance de la RCA, la ville de Ndélé, chef-lieu de la préfecture de Bamingui-Bangoran, située au nord-est de la République centrafricaine, sera dotée d’un tribunal. La construction du bâtiment du tribunal de grande instance de Ndélé est financée par la Minusca. Un signal fort qui marque le redéploiement effectif des autorités judiciaires et la fin progressive de l’impunité dans cette localité.

Le redéploiement progressif des services de l’Etat sur toute l’étendue du territoire centrafricain redonne la confiance aux populations qui ne se sentiront plus abandonnées.

Cette marche vers le relèvement et la stabilisation est devenue une réalité grâce à l’assistance et l’expertise de la communauté internationale. Il a fallu du temps pour atteindre cette vision. Des projets vont se déployer à l’intérieur du pays. Les activités sont relancées dans les secteurs agropastoraux. On peut citer la réouverture du marché à bétail à 45 km au nord de Bangui, la reprise des activités de coton dans l’Ouham avec paiement des cotonculteurs par le gouvernement de plusieurs millions de francs CFA.

Le paiement des salaires aux fonctionnaires est l’un des facteurs qui a contribué à la restauration d’un climat social paisible.

La réouverture du corridor Bangui - Garoua-Boulai a permis de reconstituer le tissu économique. Les marchés de Bangui et des grandes villes de provinces sont remplis de produits divers aux prix très variés.

Le recrutement pluriethnique  des jeunes dans les forces de défense et de sécurité (police, gendarmerie, force armée centrafricaine) a mis fin à l’ancien système qui consistait à faire un recrutement uniquement au niveau de Bangui, la capitale.  

Plusieurs organisations de jeunesse, dont le Conseil national de la jeunesse centrafricaine (CNJCA) et la Plateforme interconfessionnelle de la jeunesse centrafricaine (PIJCA), ont fait tomber des murs en allant prêcher la paix et la réconciliation auprès des jeunes qui sont à l’intérieur du pays et qui vivent dans des conditions très difficiles : de Bangui à Mbaïki, en passant par Boda, Boali, Yaloké, Berbérati, Ndélé, Bossangoa, Nana-Bakassa, Bambari, etc. Ces jeunes, sans la peur au ventre et grâce aux projets de résilience communautaire, ont redonné confiance à leurs compatriotes. La PIJCA avec l’appui technique du Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD) a soutenu plusieurs activités génératrices de revenus (AGR) qui ont permis à plusieurs jeunes de se lancer dans le commerce et formations socio-professionnelles. Des ex-combattants antibalaka et seleka sont bénéficiaires des appuis de la PIJCA à travers des formations en AGR et appui en kits (pousse-pousse, moulin à manioc, charge batterie, compresseurs etc.) pour se réinstaller dans la communauté.

Des projets à impact rapide pour consolider et renforcer la cohésion sociale

Le retour à l’ordre constitutionnel le 30 mars 2016 a donné lieu à la mise en œuvre d’une kyrielle  projets au bénéfice de la population. Ces projets sont parfois identifiés avec les autorités et les communautés locales.  

Plus de 506 projets à impact rapide ont été financés par la Minusca en six ans pour 16 millions de dollars. « Ces projets à impact rapide (QIPs) sont des outils de renforcement de la confiance des populations vis-à-vis de la Minusca. Les projets restent, de ce fait, importants pour contribuer à l’amélioration de la qualité de vie des populations en vue de la stabilisation de la République centrafricaine », a déclaré le chef de la Minusca, Mankeur Ndiaye (cf. : MINUSCA FOCUS #19 décembre 2020 page 3)

Les projets QIPs au profit des autorités locales et des communautés ont permis de réhabiliter des infrastructures publiques détruites pendant évènements ou d’en construire de nouvelles : bâtiments administratifs de l’Etat tels que préfectures, sous-préfectures, mairies, commissariats, des écoles, marchés communaux, ponts et routes , radios communautaires comme par exemple la radio communautaire La Voix de Barangbaké de Bria qui a été dotée d’un nouveau bâtiment grâce au projet QIPs (photo). A cette liste s’ajoutent des maisons de jeunes et des femmes dont deux maisons des femmes récemment construites à Nola et Bayanga, deux communes de la préfecture de la Sangha-Mbaéré (photos). Plus d’une trentaine de projets pour les services sociaux de bases (eau et électricité) et plus d’une centaine de projets pour des activités génératrices de revenus en faveur des femmes, jeunes et personnes vivant avec handicap

Les projets QIPs ont permis de résorber en partie le chômage. Plus de 7 500 emplois d’urgence ont été créés (cf. : MINUSCA FOCUS #19 décembre 2020 page 5)

Ces réalisations témoignent de la volonté de la communauté internationale de mettre ensemble les communautés dans les activités concrètes de réhabilitation d’infrastructures d’utilité publique ou des travaux à fort coefficient de main d’œuvre générateurs d’emplois d’urgence et de revenus.

Pour conclure, la pandémie de COVID-19 a donné à la redéfinition des stratégies pour réduire la propagation de la maladie par des activités de sensibilisation des communautés aux respects des mesures édictées par le gouvernement (gestes barrières) sur l’ensemble du territoire centrafricain.

La paix et la santé sont deux facteurs essentiels pour amorcer le développement progressif d’une nation.

Arsène-Jonathan Mosseavo

Image d'archive 

                                                

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