Centrafrique : Lancement de plusieurs projets aux profits des populations à Birao grâce au Fonds Bêkou de l'Union Européenne

La Journée du mercredi 26 juin 2019 restera un jour historique pour les populations de Birao, chef-lieu de la Préfecture de la Vakaga située à l’Extrême Nord de la République Centrafrique. L'Union Européenne à travers le Fonds Bêkou ne cesse de soutenir des initiatives qui sont bénéfiques aux populations.

A Birao, le 26 Juin 2019, il y'a eu plusieurs activités :

1-Le lancement de la 3e phase du projet santé, financé dans le cadre du Fonds Bekou de l’Union Européenne. Ce projet concerne les régions sanitaires 1, 2, 3, 4, 6 et 7 et financé à la hauteur de 56.760.000 millions d’euros.
2- La remise d’important dons de médicament à l’hôpital de Birao.
3- La pose de la première pierre de la construction de la maternité de Birao.
4- La pose de la première pierre de la construction d’un Collège d’Enseignement Général d’Amdafok. 

Le Chef de l'Etat centrafricain, Faustin Archange Touadera et la Cheffe de la Délégation de l'Union Européenne en Centrafrique, Samuela Isopi , étaient sur place à Birao pour vivre ces événements.

LANOCA publie l'intégralité du discours prononcé par l'ambassadrice de l'Union Européenne à Birao.

La Cheffe de Délégation de l'Union Européenne en Centrafrique, Samuela Isopi, à Birao ( © Union Européenne)

• Excellence M. le Président de la République, Chef de l’Etat  
• Monsieur le Ministre de l'Economie, du Plan et de la Coopération,
• Monsieur le Ministre de la Santé et de la Population,
• Monsieur le Ministre des Transports, Ministre résident de la Vakaga
• Monsieur le Sultan de Birao
• Monsieur l'Ambassadeur Haut représentant de la République française, cher Eric
• Monsieur le Représentant spécial du SG des NU
• Monsieur le Préfet, Monsieur le Maire
• Chères populations de Birao et de la Vakaga

Monsieur le Président,

Lors de la signature le 6 février à Bangui de l'Accord politique de paix et de réconciliation, vous vous etiez engagé à faire le tour du pays pour annoncer à vos populations la nouvelle de la paix. Aujourd'hui nous sommes honorés, en tant que partenaires et amis de la République centrafricaine, d'être à vos cotés por porter cette nouvelle aux populations de la Vakaga.

Cette journée a une valeur symbolique multiple:

J'étais avec vous en fin octobre 2017, lorsque nous étions venus ensemble à Birao avec les autres partenaires de la RCA, Minusca, France, Banque Mondiale, Etats-Unis. Et vous aviez parlé de paix, d'espoir, de résilience à ces mêmes populations qui sont venues ce jour vous rencontrer.

Aujourd'hui 2 ans après, nous sommes heureux de pouvoir leur dire, avec vous, que la paix est possible. Qu'il y a de l'espoir. Que l'Accord signé le 6 février à Bangui peut représenter une vraie chance pour la paix, si toutes les parties y croient et si elles s'engagent concrètement et de bonne foi.

Cette journée est également symbolique parce que nous sommes venus annoncer la nouvelle de la paix et de l'espoir à travers la santé, premier dividende la paix - si le Ministre de la Santé me permet de le citer - et symbole d'un droit humain fondamental, le droit à la vie.

Quel meilleur porteur de ce message que le Fonds Bekou, le Fonds de l'espoir.

Par cette cérémonie nous lançons symboliquement aujourd'hui le  "Programme d'Appui Sectoriel Santé au Plan Intérimaire en RCA (plus simplement le programme Santé III)", financé par l’Union européenne à travers son Fonds fiduciaire Bekou.

Initialement doté d’une enveloppe de 35 millions d'euros sur 18 mois, ce programme a été augmenté de 21 millions d'euros, suite à la signature de l'Accord de paix, pour soutenir le processus et montrer à travers la santé les dividendes de la paix à la population. Le programme compte maintenant sur une enveloppe globale de 56.7 millions d'euros sur une durée de 36 mois, avec une couverture nationale et une attention particulière aux services de santé décentralisés, chargés d'offrir aux populations de l'arrière-pays l'accès à la santé.

Comme vous le savez, Monsieur le Président, le secteur de la santé revêt une importance capitale pour l’Union européenne car non seulement il contribue directement au bien-être de la population centrafricaine, mais aussi parce qu'il renforce le contrat social entre l'Etat et ses citoyens et favorise la reconstitution des valeurs et des liens de solidarité, d’entraide et de cohésion sociale dont le pays a besoin aujourd’hui plus que jamais.

C’est pour cela que depuis 2009, et avec encore plus de ressources à partir de 2014, l'Union européenne n’a pas ménagé d'efforts - humains, techniques et financiers - pour appuyer le Ministère de la Santé dans sa mission, clairement définie dans le Plan intérimaire de la Santé, qui vise notamment l’offre de services de santé de base de qualité pour la population centrafricaine et le renforcement continu du Ministère dans ses fonctions Cette approche correspond également aux  priorités indiquées dans le Plan de relèvement et consolidation de la paix en Centrafrique, notamment en ce qui concerne la fourniture des services de base à la population sur l’ensemble du territoire, en particulier dans les domaines de l’éducation, la santé et l’eau.

Monsieur le Président de la République,

L’Union européenne a à ce jour mobilisé globalement, depuis 2014,  plus de 120 millions d'euros soit 78 milliards de FCFA, dans le secteur de la santé à travers ses différents instruments: ECHO, pour répondre aux besoins des populations dans la phase plus aigüe de la crise,  le financement du FED pour des projets visant la promotion de la santé communautaire (UNICEF) et des appuis institutionnels et matériels aux districts sanitaires et au niveau central (OMS).

Mais c’est surtout à travers le Fonds Bekou que l’UE s'est investie dans ce secteur.

Doté aujourd’hui d’une enveloppe d’environ 160 milliards de FCFA (240 millions d'euros) dont plus de 88% déjà dépensés ou engagés à travers plus de 42 projets qui ont fait preuve de leur efficacité sur le terrain, le Fonds Bekou a pu investir 66 milliards de FCFA (100 millions d'euros) au profit de la santé, soit presque 41% de la totalité de ses ressources.

Je saisis cette occasion Monsieur le Président pour vous informer officiellement que le Fonds Bekou vient d’être prolongé jusqu’en décembre 2020 et doté d'une enveloppe additionnelle d'environ 40 milliards de FCFA (soit 60 millions d'euros), grâce aux nouvelles ressources contribuées par la Commission européenne, l'Allemagne, la France et la Suisse, que je tiens ici à remercier. Suite à la signature de l'Accord de paix, le Fonds Bekou continuera à servir les objectifs de relèvement social et économique de la RCA et tout particulièrement de son arrière-pays, avec une attention renforcée pour les régions et les communautés plus vulnérables qui, nous l'espérons, pourront avoir accès aux dividendes concrets de cette paix longuement attendue.

La cérémonie d'aujourd'hui est aussi l'occasion pour saluer l'engagement et les progrès enregistrés dans le renforcement du leadership, de la coordination et du dialogue avec les partenaires, grâce à la création du cadre de concertation des acteurs de la santé, initié en avril 2018, et à l’élaboration du Plan intérimaire du secteur de la Santé, deux actions prioritaires que nous avons fortement encouragées et soutenues. C’est cette nouvelle dynamique de coordination et de plus forte appropriation nationale - soutenue par un dialogue constant avec les PTF – qui permettra de rendre efficace et de pérenniser tous les efforts menés au profit de la santé  

La troisième phase du programme Santé Bekou- UE se fonde sur une approche qui vise à renforcer de manière coordonnée tous les acteurs qui travaillent dans le secteur de la santé. Voici de manière très succincte, Mr le Président, les appuis qui sont déjà en cours :

(i) le renforcement de l’assistance technique actuelle, pour appuyer le Ministère notamment dans sa fonction de coordination sectorielle, de régulation, de suivi et de formulation de politiques/stratégies nationales; une coordination qui, je tiens à le souligner, est déjà active grâce à l’engagement direct et constant du Ministre, Pierre SOMSE et de ses cadres ;

(ii) un programme pour renforcer les capacités techniques, matérielles et opérationnelles des équipes cadres des districts et des régions sanitaires qui est mis en œuvre par l’agence de Coopération Italienne, AICS,

(iii) 06 projets sont actifs déjà sur le territoire pour renforcer plus de 150 Formations sanitaires (des hôpitaux régionaux, des hôpitaux préfectoraux et sous–préfectoraux et des centres de santé) à savoir IMC (International Medical Corps) ici à Birao et à Bria, la Croix rouge Française à Berberati, ALIMA à BODA, Première Urgence à Ndele et à Bangui, CORDAID à Bossangoa et à Bangassou.

Ce programme permettra donc de continuer à assurer la couverture de santé dans les districts sanitaires de la phase 2, en procédant en même temps à un transfert des capacités vers les acteurs de santé locaux avec aussi une intégration progressive de l’approche basée sur la performance où elle s'avère faisable et réaliste.

L'appui à la gouvernance centrale et décentralisée fournira les outils et les bases pour ce transfert progressif des capacités des ONG internationales vers les acteurs locaux (équipes-cadres de district, équipes-cadres de région).

Monsieur le Président,

Grâce à l’engagement du Fonds Bekou, plus de 2.9 millions de centrafricains et centrafricaines ont pu bénéficier de soins de qualité dans tout le pays y compris dans les zones difficiles, comme à Bria, Bangassou, dans des zones très reculées comme à Birao et à Ndele et dans des zones en phase de stabilisation telles que Berberati, Boda et Bossangoa. Cette large présence géographique nous permet d’apprécier la capacité du fonds Bekou à travailler efficacement dans un contexte très varié qui exige des réponses flexibles et adaptées.

Plus que jamais aujourd’hui, suite à l'Accord de Paix, et plus que  jamais ici à Birao, chef-lieu de la VAKAGA, l’UE veut soutenir les populations avec des actions concrètes, de santé, et bientôt d’agriculture, pour leur permettre de bénéficier des dividendes de la paix.

Monsieur le Président,

Nous avons décidé aussi de créer autour de ce lancement des activités socio-éducatives à l’intention de toute la population mais en particulier des plus jeunes et des enfants.

Grace à l’arrivée sur Birao du « Cinéma Numérique Ambulant », les films réalisés par 10 jeunes documentaristes centrafricains issus de l’initiative « ATELIER VARAN » présentés à l'occasion de la 1ère édition du Festival du Film européen- que vous avez-vous-même primé il y a quelques semaines à l’Alliance Française - sont en cours de projections dans la ville….et il me semble avec un grand succès !

Deux de ces films abordent aussi des problématiques liées à la santé en RCA :

• « Chambre 1 » de Leila Thiam
• « Docta Jefferson » de Elvis Ngaibino

Ces films aussi, Mr le Président, et Cher Ministre, j’en suis sûre, vont renforcer sans doute la santé et l'espoir de cette population de Birao ; une santé certes qu’on peut définir "santé d'esprit", une santé des cœurs qui demeure de toute manière l’ingrédient fondamental pour s'engager dans la paix, et la réconciliation.

Monsieur le Président, tous les efforts que nous menons en Centrafrique sous le drapeau européen sont les efforts conjoints de tous nos Etats-Membres. Je tiens à remercier tout particulièrement aujourd'hui l'Ambassadeur de France pour le soutien de son pays et pour son appui et engagement personnel. Je salue également la présence parmi nous des collègues de la coopération italienne.

Nous souhaitons plein succès à ce programme de santé mais surtout nous souhaitons plein succès à la paix: en sachant que ce succès dépendra de l'engagement de chacun et de tous et des actes et des bénéfices concrets pour les populations.

Je vous remercie.