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En réalité, la nature du danger qui guette les journalistes en zones de conflits armés, est multiforme. Dans une situation de conflits armés, sa présence sur le front fait de lui, les témoins des affres et des horreurs de la guerre. Des Journalistes évoquent très souvent, des scènes d'apocalypse qui rythment leurs quotidiens dans ces zones. Lorsque les journalistes sont pris au piège des conflits armés, ils ne peuvent alors échapper aux conséquences de ceux-ci et, à la souffrance de la population civile. Dans tous les cas, l’exposition à cet environnement atroce et macabre devient une cause potentielle de troubles psychologiques chez les Journalistes qui œuvrent dans les zones de conflits armés.     

Joël Bandiba

Une étude scientifique de 2001 menée auprès de 140 correspondants de guerre, a débouché sur des conclusions assez inquiétantes sur les risques psychologiques liés aux couvertures de conflits armés. Ces 140 correspondants de guerre, ont été comparés à un groupe témoin de 107 journalistes sans expérience en temps de guerre. Ainsi, les correspondants de guerre ont enregistré des scores élevés concernant le stress post-traumatique, la dépression sévère et la consommation excessive d’alcool.

 

De façon naturelle, les journalistes exercent un métier soumis à des contraintes physiques, organisationnelles et relationnelles. Ces contraintes, génèrent des risques psychologiques. Des risques qui deviennent trop importants, lorsque ces situations dangereuses ne font pas l’objet d’une prise de conscience et de mesures de prévention adéquates. Tous ces risques renforcés par une présence en zones de conflits armés, se manifestent généralement par, des maladies cardio-vasculaires, troubles musculo-squelettiques, troubles gastro-intestinaux, états d’anxiété et dépressifs, addictions chez les journalistes. 

 

En Centrafrique, aucune étude n'est encore réalisée sur l'impact psychologique du conflit sur les journalistes. Par conséquent, les chiffres ne sont pas disponibles et personne ne peut établir une certaine comparaison. En dépit de cette réalité, personne ne peut ignorer, le rôle que les journalistes Centrafricains ont joué pour que les échos du conflit parviennent au public. Les journalistes Centrafricains ont été sur les scènes de différents affrontements à travers la ville de Bangui et celles de province. Pour Reporter Sans Frontières, l'importance stratégique des journalistes Centrafricains, a été clairement illustrée par les nombreuses menaces dont ils ont fait l’objet. Et sur cette même question, le moindre prétexte pouvait valoir des représailles contre ces journalistes.

 

Un accent particulier est aussi mis sur les menaces car, un événement devient traumatisant, lorsqu’un individu éprouve un sentiment intense de peur, d’impuissance ou d’horreur après avoir été confronté à la mort ou à un risque de mort imminente. Il peut s'agir aussi, de graves blessures ou d'une menace d’atteinte à son intégrité physique. C'est ainsi, que les agressions violentes, les viols, les tortures, les conséquences des catastrophes naturelles ou les accidents graves – situations que les reporters côtoient régulièrement – entrent dans cette catégorie des événements traumatisants pour un journaliste.

 

Cependant, des chercheurs conseillent de ne pas tirer la conclusion d’une relation de cause à effet entre la présence des journalistes en zones de conflits armés et, des troubles psychopathologiques. Ils insistant alors, sur la durée passée par le journaliste en zones de conflits armés. Ainsi, seuls les journalistes de guerre sont plus susceptibles de développer ces pathologies en cas d’exposition prolongée au danger et par le manque d’une formation appropriée pour réagir à la violence. C'est donc, une exposition répétée au risque, qui constitue un premier facteur d’apparition de troubles psychologiques chez les journalistes de guerre et que viendra accentuer la proximité au danger.

 

Dans tous les cas, les risques liés à l'exercice du métier en zones de conflits armés, restent préoccupants. Une meilleure approche de ces risques, limiterait leurs conséquences sur la vie professionnelle des journalistes. Il serait donc nécessaire, de mettre un accent sur la prévention. Cette mesure viserait à limiter la probabilité de ces risques à défaut d’en éliminer totalement l’occurrence. Et pour cause, la gestion de ceux-ci implique d’évaluer les dangers, d’en informer les acteurs puis d’entreprendre des actions de prévention ou de correction auprès des journalistes.

 

En vue d'atténuer ces cas de stress post-traumatisme, Reporters Sans Frontières suggère l'idée d'un soutien psychologique très discret au profit des journalistes en zones de conflits armés. Selon l'Ong, le débriefing au retour d’une mission à risques est aussi l’occasion de détecter chez les journalistes d’éventuels signes de stress post-traumatiques. C'est pour cette raison, que nombre de rédactions encouragent leurs journalistes à solliciter une aide psychologique s’ils sentent qu’un reportage les a particulièrement bouleversés. En Centrafrique où, le sujet du stress post-traumatique reste encore assez tabou au sein de la profession, ce soutien psychologique devrait idéalement être abordé en toute discrétion au sein de différents associations et organes. La mise en place des groupes de soutien, éviterait aux journalistes Centrafricains, de sombrer dans la précarité dans l’ignorance des effets des reportages traumatisants.  

 

Sources :

Cléa Kahn-Sriber, les médias centrafricains dans la tourmente, Reporters Sans Frontières, mai 2015

Officiel Prévention / Santé et Sécurité au Travail – Les risques professionnels des journalistes, Septembre 2016.

Reporters Sans Frontières, Guide pratique de sécurité des Journalistes / Manuel pour reporters en zones à risques

Aimé-Jules Bizimana, les risques du journalisme dans les conflits armés, Communication Vol. 25/01/2006/Paragraphe 4.

Joël Bandiba / Journalisme en zones de conflits armés : dans l'ombre d'un métier à risques en Centrafrique / Essai / Edilivre – Paris le 11 février 2020 

 

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